Les écrits de Zaza
Grâce à la publication en 1991 de Correspondance et carnets de Elisabeth Lacoin, les lecteurs vont pouvoir lire les propres écrits de Zaza (principalement des lettres à sa famille et à ses amis).
On y découvre une jeune fille aussi scrupuleuse que malicieuse, aussi mystique que sensuelle, aussi gaie que déchirée intérieurement, aussi sociable que désireuse de solitude, aussi exigeante et intrépide que généreuse et sensible, aussi critique de toutes les conventions mondaines qu’attachée à son milieu familial.
Au fond, sous de sages apparences, une jeune fille bien peu « rangée » !
Au lecteur d’aujourd’hui de faire à son tour, grâce aux traces vivantes de cette vie brève et rayonnante, l’expérience d’une radicale liberté !
- Zaza – Correspondance et carnets d’Elisabeth Lacoin (1914-1929), Paris, Le Seuil, 1991.
Une réédition des correspondances de Zaza en 2004 a permis d’ajouter des notes de bas de pages ainsi que des introductions et têtes de chapitres. Il est à noter également l’ajout de deux lettres de Simone de Beauvoir aux frères de Zaza ainsi qu’un mot de Maurice Lacoin, le père de Zaza, sur sa lecture des mémoires d’une jeune fille rangée et un mot de Madeleine Lacoin qui raconte les derniers moments de la vie de sa soeur Zaza.
Vous pourrez consulter les originaux des correspondances, déposés dans un fonds Elisabeth Lacoin au département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale. Y sont également conservés les fonds Aron, Beauvoir, Merleau-Ponty, Nizan et Sartre.
Présentation de l’ouvrage
On trouvera dans cet ouvrage l’essentiel de la correspondance d’Elisabeth Lacoin, en particulier une partie de ses lettres à Simone de Beauvoir qui, la première, en a livré des extraits en 1958 dans ses Mémoires d’une jeune fille rangée , ainsi qu’une grande partie de ses carnets personnels.
La présente édition reprend tous les écrits parus en 1991 sous le titre Zaza aux éditions du Seuil, d’après le travail de Marie-Christine Bastien qui, par le grand intérêt qu’elle leur avait porté, avait su persuader la famille Lacoin de les publier. Ont été ajoutées des lettres significatives et des pages des carnets, retrouvées depuis à la faveur des efforts accomplis en vue de constituer le fonds Elisabeth Lacoin à la Bibliothèque Nationale de France.
Le choix et les coupures qu’il a fallu faire n’ont obéi, à l’exclusion de toute censure, qu’au souci de ne pas alourdir l’ensemble de passages d’intérêt trop restreint ou dont la répétition aurait été fastidieuse. Et seule a été rectifiée l’orthographe, incertaine bien sûr, des premières années. Bien des traits de la personnalité de Zaza et des faits de son histoire sont livrés ailleurs que dans ses écrits, dont ils éclairent la lecture : ces témoignages et ces précisions sont données en hors-texte et en notes.
- L’enfance : légèreté et gravité : 1907 – 1917
- Enthousiasme de l’enfance : dévorer la vie : 1918 – 1920
- L’affirmation de soi : 1921 – 1923
- Promesses de l’intelligence et du coeur : 1924 – 1925
- Rupture : 1926
- A la recherche du bel équilibre : 1927 – novembre 1928
- Berlin : novembre 1928 – février 1929
- Une vie à soi ? : février – août 1929
- Derniers mois : septembre – novembre 1929
Extraits de l’ouvrage
Lettre à Simone du 28/08/1928
« Quelle ardeur de vie dans vos deux lettres ! Vous me faites presque peur, la peur qu’on a devant une belle auto lancée à pleine vitesse en imaginant un instant ce qui arriverait si le moindre boulon venait à lâcher. Je comprends bien cette joie totale d’exister, bien que je ne l’éprouve jamais que passagèrement; très vite je vois le but de cette course, cela n’enlève pas pour moi leur prix aux choses, cela m’empêche de m’y abandonner complètement : que sert à l’homme de gagner l’univers ?… C’est toujours cela qui revient. Mais ne croyez pas que je veuille maintenant diminuer votre bonheur, j’y prends au contraire une part si grande qu’après avoir lu votre lettre je suis prise, moi aussi, par la douceur de la vie, même par un certain désir d’être plus activement heureuse que je ne suis, de donner, de recevoir, d’agir, d’aimer, de vivre. »
Lettre à Simone du 28/09/1928
« Mais aujourd’hui je suis énervée à en pleurer… les choses que j’aime ne s’aiment point… et sous prétexte de principes moraux, j’ai entendu des choses qui me révoltent. Depuis deux jours, que je discute avec obstination, Maman a paru changer légèrement d’état d’esprit, elle m’a dit comme dernière réponse qu’elle me laisserait peut-être aller à ce tennis quand elle saurait exactement sa composition et pourrait prendre des informations sur les jeunes gens qui doivent y venir. J’ai offert ironiquement de signer avant d’accepter un papier par lequel je m’engagerais à n’épouser jamais, ni Merleau-Ponty, ni son ami, ni le troisième garçon choisi, cela n’a pas calmé Maman. »
Pour toutes remarques ou suggestions sur l’ouvrage, vous pouvez contacter l’Association Elisabeth Lacoin.
En savoir plus : Les écrits de Zaza, une double résurrection, Philippe Devaux (Association Elisabeth Lacoin)